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 I went down to St James infirmary [Aidan]

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AuteurMessage
Nemo Thackeray
Y'a pas un western sur la 9 ?
Nemo Thackeray


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MessageSujet: I went down to St James infirmary [Aidan]   I went down to St James infirmary [Aidan] EmptyLun 9 Mai - 20:41

I went down to St James infirmary [Aidan] Mghot25 I went down to St James infirmary [Aidan] Jared1q
    << So cold, so sweet - so sweet, so fair.>> Louis Armstrong - St James Infirmary



Tandis que j'observe, passif, les éclairs de couleur qui parcourent le paysage, je me meurs un peu plus. La fatigue m'étreint plus que la douleur qui serti mon pied. "Avoir une perception en tous points différente des autres n'empêche guère la souffrance qu'occasionne un membre brisé, jeune homme." avait déclaré le docteur. Certes non. C'est même pire. En plus de faire corps avec ce que je vois et d'être mon gagne pain, danser et faire du trapèze ou autre me permet de calmer mes névroses, mes angoisses. Il n'y a rien d'aisé dans le fait d'être un type qui a combattu l'autisme. Ça a quelque chose de poétique que je ne saurais définir, mais c'est aussi terrible. Et
Les oiseaux tombent, le ciel va à l'envers et à l'accéléré, c'est le temps des promesses - messes, messes - et je ne peux même plus participer au sermon. Haut les cœurs!
Je n'ai pas l'habitude d'être cynique. Il faut croire que la douleur envole scrupules et principes, bouffe la sensibilité et vous refait un homme. Mon dieu, tout cela m'épuise plus que les anti-douleurs que je ne prend pas. Un éclair! Un autre. Ma propre perception m'agresse comme si elle me reprochait d'être un handicapé éphémère. J'aimerais la caresser, la rassurer. Je pose ma main sur le sable à côté de moi, mais je crois que tout cela est bien vain. Où aller, que faire? En dehors de mes promenades solitaires et chorégraphiée dans le désert et les bras de Janet, je ne sais rien, je suis inutile. Je chantonne un vieux blues qui n'existe plus depuis longtemps ou n'a jamais existé, je ne sais plus. Ce que je suis lourd à supporter, sans délires corporels ou dieu sait comment ça s'appelle! Mes béquilles s'enfoncent dans le sable et ne m'aident à rien, je les abandonne là comme une épave, que quelqu'un d'autre trouvera et adoptera. Un enfant, peut être, qui jouera au vétéran. Je n'ai toujours pas répondu à la question de tout à l'heure: où aller? Oh, où mes pas mal assurés m'emmènent. Je n'ai pas la force de chercher plus loin.

J'arrive dans le centre ville sans m'en rendre compte, et plus tôt que prévu. Je mets un temps à sortir de mes pensées: j'y suis tellement enfoncé que je ne sais même plus quel en est le sujet. Je suis un peu désorienté, fatigué et déshydraté, mais la perspective de rentrer dans la caravane qui doit avoir cuit sous le soleil, et ce sans Janet me terrifie. Je suis un solitaire quand il y a des grands espaces. Un solitaire du dimanche dont la drogue est la contemplation aveugle. Non, décidément, j'ai la nausée, je suis fourbu, il me faut trouver un endroit où m'asseoir sans avoir trop de chemin à faire - sautiller provoque des douleurs lancinantes, à force. Le Sam's s'impose à moi quand je lève les yeux. Je n'y suis jamais rentré - je dois être un des seuls de la ville, puisque c'est apparemment le seul loisir du coin. Je n'ai aucune idée de ce qu'il peut y avoir à l'intérieur d'un établissement. J'ai une vague vision fantasmée du comptoir qui ressemble à un bureau, avec des tables disséminées un peu partout, attendant commandes - en fait, je vois le bar comme une salle de classe anarchiste. J'imagine des vieux, de ces petits vieux tout faibles et ridées, dont les mains ont été asséchées par trop de soleil, attendre à leur table, piquant du nez, leurs commandes. Je veux voir ces mains là. Je veux les toucher, et de leur courbe remplir mon esprit en manque de rêve par procuration. Vous pensez que faire un truc pareil me classera au rang des pervers de Wollanup? Oh, que non. Les gens me connaissent, savent qui je suis. Savent qu'il n'y a rien de malsain dans mes agissements.

J'entre. Ma perception est révolutionnée par tout un tas de trucs dont je ne soupçonnait même pas l'existence. Le comptoir est un long meuble plein de bouteilles et de choses comme ça, avec une Bellhart assise derrière. Les tables sont un peu partout, mais rondes, et les petits vieux n'y sont pas assis, ils attendent au comptoir, perchés sur des tabourets, le dos rond. Je m'approche doucement, à petits pas douloureux. Le plâtre que le médecin m'a fait, comme un boulet de prisonnier, n'empêche en rien mon pied de bouger et de me faire mal. S'attendait-il vraiment à ce que je ne bouge pas du tout pendant un mois minimum? J'accapare le dernier tabouret qui reste, pose ma joue contre le bois frais du long meuble que j'avais imaginé bureau professoral, et contemple ces fameuses mains que je n'ai pas, elles au moins, fantasmées à tort. Est-ce que ça veut dire que j'aime les choses simples? Je n'en sais rien. Ça veut dire quoi, les choses simples, dans votre langage? Ces mains, comme beaucoup d'autres choses, sont les choses les plus compliquées au monde. Et tant pis, si ça ne veut rien dire. Je regarde, et il se passe tellement de choses que j'oublie d'en avoir mal.
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