Contexte du forum

Autrefois, cette ville n’en était qu’une parmi tant d'autres. Tout n’était qu’ordinaire, on vivait de coutumes, on se sentait médiocres, usés. Les pères de familles se fatiguaient à la mine d’amiante tandis que leurs femmes et leurs enfants attendaient impatiemment leur retour. Mais dans le courant de l’année 1982, les choses changèrent, fatalement. Le gouvernement australien prit la décision de fermer la mine, mettant un terme à des siècles de dur labeur, coupant court aux existences sinistres d’une centaine d’habitants qui s’en allèrent. Certains, avides d’une nouvelle perspective d’avenir, d’autres, portefaix d’un goût amer sur les lèvres.

Ce sont ces derniers qui, il y a de ça vingt ans, se résolurent à repeupler, approvisionner, et ravitailler leur chère ville de Wollanup, devenue par la force des choses, une ville fantôme. Rayée de toutes les cartes du pays, la ville n’est plus régie que par ces quatre nostalgiques qui n’avaient vraisemblablement plus rien à perdre, et qui s’échinèrent à établir la communauté utopique qu’ils avaient toujours rêvé de voir naître. Ils prirent d’énormes risques, autant que d’énormes précautions, et se dérobèrent progressivement à la civilisation. Petit à petit des règlements furent établis pour permettre à l’intime communauté de Wollanup de le rester. Celle-ci s’agrandissant, il fallait être vigilant, et seuls les plus puissants avaient le droit de quitter la ville, quand les autres avaient la formelle interdiction de mettre un pied hors des frontières de la bourgade.

Pourtant, les plus jeunes y sont autorisés, temporairement. Ils quittent le village pour six mois, avec pour mission de renouveler la population du village. Ils n’essayent pas de s’enfuir. Ils y songent parfois, en rêvent, de temps à autres, mais rares sont ceux qui s’y risquent. Ils ignorent tout de la vie au-delà des frontières de Wollanup. C’est pourquoi, inexorablement, ils reviennent. Parfois seuls, souvent accompagnés. Ce qu’ignorent ces naïfs accompagnateurs, c’est qu’ils ne rentreront jamais chez eux, et la population y veille.
Car personne n’arrive ici par hasard, et personne ne s’en évade jamais…