And I know that he knows I'm unfaithful [Pv.]

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Elle se foutait ouvertement de lui. Charley venait de rentrer chez lui, incapable de dire ce qu’il ressentait. Il était resté silencieux tout le long du trajet. Il aurait dû s’en être aperçu bien avant, il avait été stupide. Mais en même temps…non même s’ils n’étaient pas un véritable couple conventionnel et qu’ils excellaient dans leur façon de jouer le couple parfait, ils n’étaient rien l’un pour l’autre depuis deux ans, elle vivait avec lui depuis tout ce temps. Mais maintenant c’était à se demander depuis combien de temps elle jouait ce double-jeu. Ca devrait être facile à déterminer, ça devait être le cas depuis qu’elle inventait des excuses bidon. Elle s’étonnait de n’avoir jamais percé comme actrice, mais elle ne mentait pas très bien, il fallait le dire. Et pourtant Charley avait mordu à l’hameçon, au départ il avait trouvé ça amusant. Plus maintenant. Quoique, ce sourire, que dis-je, ce rictus au bout des lèvres en disait long sur son état. Il s’était laissé avoir, mais c’était maintenant à lui de jouer.

Parce qu’une fois de plus il était rentré plus tôt, histoire de passer du temps avec elle. Mais pourquoi alors qu’ils n’étaient pas un vrai couple ? Parce qu’on tisse des liens en deux ans n’est-ce pas ? Il n’avait pas un cœur de pierre le jeune homme. Au contraire. Mais, comme à chaque fois, la belle ne rentrait pas. Elle faisait des heures supplémentaires au travail soit disant. Ce n’était pas comme s’ils n’arrivaient pas à joindre les deux bouts. Dans ce cas-là, au lieu de passer sa soirée seul comme un crétin, il avait deux options qui s’offraient à lui – trois en fait, mais plutôt crever que d’aller rendre visite à ses parents – la première, d’aller au casino enchainer les parties de poker ; la seconde, aller la chercher au bar pour la forcer à finir plus tôt. Il choisit la deuxième option, tout en ayant conscience qu’il repartirait peut-être bredouille pour une raison ou une autre.

Elle devait drôlement l’aimer son job pour passer autant de temps là-bas. A croire qu’il devait se remettre en question. Il ne mit pas vraiment longtemps pour se rendre sur la route principale de la ville, celle-ci étant perpendiculaire à leur lieu de résidence. Il marchait toujours décontracté les mains dans les poches, même le soir, il n’avait pas peur de se faire agresser par qui que ce soit, avec le passé de rebelle qu’il avait, il ne risquait jamais rien. Alors qu’il releva la tête puisque le bar était en vue, un couple de personnes attira son regard bien plus loin. Cette silhouette lui rappelait vaguement quelqu’un. Alors qu’il s’approchait un peu plus du bar, il finit par comprendre. Cette silhouette, ces cheveux écarlates appartenaient à sa chère petite-amie, qui était aux bras d’un autre, un type banal mais qui ne se gênait pas pour la peloter. Alors c’était ça ses heures supplémentaires. Un pincement s’empara de l’égo du jeune Buckland qui sur le moment se dit qu’il casserait bien la gueule à ce crétin. Mais c’était inutile. Avec un peu plus de recul, ou pas, il se dit qu’il était peut-être mieux d’aller d’abord boire un verre au bar. Au moins il ne serait pas venu pour rien. Poussant la porte d’entrée, il demanda directement : « Un whisky. » A peine servi, il le but d’une traite le regard figé sur le comptoir. Il n’avait pas rêvé, puisqu’elle n’était pas là, elle ne travaillait pas. Il ne savait pas combien de temps il avait passé au bar, mais une chose était sure, il y avait passé suffisamment de temps pour qu’elle ait le temps de rentrer.

Voilà maintenant il s’engouffra dans la cuisine d’où une odeur appétissante s’échappait, mais il n’avait plus faim. Tout ceci venait de lui couper l’appétit. Pourtant, il arborait tout de même un sourire, et il prononça ces paroles : « Tiens, t’es déjà à la maison ? C’est quoi que tu fais? » Pas la peine de l’accuser tout de suite, non, il allait la cuisiner un peu, ça serait largement pour drôle.

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Elle avait encore menti. Comme toujours. Postée sur la rue principale, non loin du bar, Brooke était en compagnie de Noah. Son amant, certes. Ce soir n'était pas là la question, car rester ainsi à la vue de tous n'était pas une bonne chose mais voilà plus de dix minutes qu'il ne cessait de la bassiner pour qu'elle passe un moment chez lui, ce qu'elle refusa ouvertement depuis le début. Non pas parce qu'elle ne le souhaitait pas, simplement parce qu'elle avait promis à Charley de passer plus de temps avec lui. De plus, l'insistance de Noah ne lui plaisait guère, aussi choisit-elle de lui rétorquer un non définitif avant de rebrousser chemin pour rentrer chez elle, à pieds, faisant abstraction des cris intempestifs du jeune homme. Bon dieu de bordel.

A la maison, pas de Charley en vue. Ce fut donc pour elle, l'occasion de se faire pardonner ses absences répétées - s'il savait - via un repas préparé par ses soins. C'est directement qu'elle se mit aux fourneaux, ayant en tête l'idée de préparer du poulet. Autant dire que la tâche fut rude pour la jeune femme qui n'avait pas l'habitude de cuisiner de la viande. Mais une bonne étoilé veillait ce soir et la bête semblait se préparer avec toute la simplicité du monde, une aubaine. Ce fut ce moment précis que choisit son petit ami pour enfin rentrer à la maison, ce qui lui fit lâcher un ouf de soulagement, de peur ne pas le voir débarquer à temps. « Je fais du poulet. » lança-t-elle, guillerette, en prenant le soin de l'embrasser au passage avant de prendre des gants de protection afin de sortir le repas du four.

« Voilà, c'est prêt, je crois. » et elle vint déposa le plat directement sur la table. « Tu as fais quoi aujourd'hui ? Bonne journée ? » le questionna-t-elle, toujours intéressé de savoir ce qu'il pouvait faire de ses journées, par curiosité. La table n'étant pas prête, Brooke l'abandonna quelque minute pour installer assiette et couverts en parfaite petite ménagère. Rôle qui ne lui allait pas bien, ça se voyait, mais tout le monde - elle la première - faisait l'autruche. Elle prit aussi l'initiative de mettre une bouteille de vin - une bonne, pensant que les rares moments qu'ils partageaient ensemble étaient signe de fête et donc d'alcool, logique, non ? « J'espère que ça va te plaire. » lança-t-elle en se prenant une chaise.
La situation était bizarre, toujours depuis quelque temps. Elle lui mentait ouvertement et avait de plus en plus de mal à le lui cacher car Charley devenait bien plus suspicieux envers ses nombreuses heures supplémentaires. Mais que dire d'autres dans un endroit comme celui-ci ? De plus, elle ne se voyait guère lui avouer la chose, ne souhaitant pas lui faire du mal - là n'était pas son but. Une position dans laquelle elle s'était mise seule et qu'elle se devait d'assumer, forcément, mais toujours en se collant ce sourire sur le visage.

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C’était fascinant. Elle avait cet aplomb légendaire qui faisait d’elle une grande actrice, car elle ne cillait pas. Elle faisait en sorte de noyer le poisson dans l’eau, de faire comme si de rien était, et pour laver sa conscience de ses pêchés elle se faisait pardonner endossant un rôle qui ne lui allait pas bien du tout, celui de la maitresse de maison qui fait tout pour subvenir aux besoins de son mari affamé. Il n’était ni affamé, ni son mari. Alors qu’il était à peine rentré, il avait assisté à une légère démonstration d’affection qui le laissa de marbre et à un repas de fête, digne de la dinde de Noël. Elle ne devait donc pas avoir la conscience tranquille ce qui le confortait dans ses suppositions, ce n’était pas la première fois qu’elle voyait ce type. Tandis qu’elle préparait le festin de rois, il s’était assis et réfléchissait à la manière d’aborder la chose. Mais il n’eut pas besoin de réfléchir bien longtemps, elle lui mâchait le boulot. C’était ça, elle lui avait demandé sa journée comme d’habitude. C’était trop facile. Il ne parlerait que de la journée, pas de la soirée, ou du moins le temps de se délecter un peu de son angoisse.

« C’est chouette le poulet. En quel honneur ? T’as invité mes parents ? » Blague à part. Il ne se rappelait même pas les avoir invités une fois, ils s’invitaient tous seuls. S’ils appréciaient Brooke ? Impossible de le savoir. Joan ne parlait jamais trop et se contentait de respecter les gens même ceux qu’elle n’appréciait pas, tandis que Charles l’hypocrite se foutait bien de ce qui pouvait se passer tant que son fils était en couple. Vous voyez le tableau. Fixant avec intensité le plat, il finit par se sortir de ses songes pour lui répondre : « En ce qui concerne ma journée, elle a été cool… J’ai pas travaillé longtemps, façon il n’y avait rien à faire comme d’habitude, alors j’ai lu un magazine et quand je l’ai fini, je suis rentré. C’est un peu vite résumé mais en gros c’est ça. Et toi la tienne ? J’imagine que tu t’es épuisée au boulot ? » Ironie dissimulée. Il avait pourtant dit ça sur un ton très détaché, il était d’ailleurs très détendu, comme s’il n’avait assisté à aucune scène de tromperie. Il attrapa la bouteille de vin, et il la déboucha avant de servir Brooke pour se servir ensuite. S’atteler au découpage du poulet c’était assez amusant pour lui, il avait vu faire sa mère des dizaines de fois, et il se souvenait toujours de son père qui lui disait qu’il ne mangeait pas de poulet car c’était la viande des pauvres, sur le ton de la plaisanterie évidemment, il adorait imiter le milieu dont il était issu. Finalement il était mieux ici son père. Charley, lui se le demandait. « Tu préfères quel morceau ? » Combien de temps tiendrait-il encore ? Pas longtemps. Ca sonnait tellement faux à ses oreilles, que ce n’est que très peu de temps après s’être servi du blanc de poulet et d’avoir bu un peu de vin qu’il lâcha : « Oh au fait ! Je suis passé au bar tout à l’heure. J’y ai bu un verre. Et t’y étais pas. » Il n’avait évidemment pas précisé l’heure, il voulait la faire douter, la mettre dans l’embarras, voir comment elle réagissait. Si bien que du coin de l’œil il l’observait tandis qu’il mangeait bien tranquillement, comme si de rien était. Et si elle cherchait à fuir la question, il se ferait un malin plaisir de lui révéler la trouvaille de la journée. Le silence régnait dans la cuisine, il avait l’impression d’être au palais de justice, mais il n’était pas le condamné.

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Elle ne connaissait quasiment pas ses parents. Son père était un drôle de type, visiblement obsédé par son fils qui se devait d'être en couple, forcément. Quant à sa mère, elle était une femme discrète. Brooke, elle, avait des parents d'une banalité affolante avec qui elle n'avait plus aucun contact depuis longtemps (disons que le sens de la famille, chez eux, étaient secondaire depuis l'enfance). « Je peux les inviter demain. » lança-t-elle, sachant pertinemment que cette idée ne serait pas du tout du goût de son petit ami. Et même la perspective de cuisiner pour quatre ne l'enchantait pas non plus. Fainéante vous avez dit ? « Oh.. Oui, ma journée a été bien chiante ! » répondit-elle, vu la perche qu'il lui avait donné. Encore un autre mensonge. Sa journée s'était terminée bien tôt car peu de clients au bar, de quoi lui laisser le temps de papillonner à droite, à gauche, ce qu'elle manqua bien sûr de préciser avec toute la délicatesse du monde.

Finalement le repas se déroula sans encombre. Le nez plongeait dans son verre de vin, elle n'observait même pas Charles de peur de se trahir mais gardait pourtant cette attitude forte et ce ton de "tout va bien". Sans pour autant être en totale confiance. « Laisse je vais me servir. » s'enquit-elle en plantant sa fourchette dans un blanc de poulet, bien qu'elle n'ait pas vraiment faim ce soir, elle ferait en sort de faire honneur à sa préparation. Alors qu'elle dégustait tranquillement son plat, la tête baissée, la question de Charley vint la troubler. Elle s'arrêta presque de mâcher, déglutit rapidement et sourit légèrement, gênée. Son excuse venait de se prendre un vent monumental. Alors pour se laisser le temps de la réflexion, elle se saisit tout naturellement de son verre de vin avant de se lancer : « Ah.. Je suis partie plus tôt vu le peu de clients qu'il y avait.. et je t'ai fais à manger ! » Une réponse plutôt bancale, qu'elle tenta d'assumer de bout en bout avec tout le mal du monde, tant ça sonnait faux. Alors comme à son habitude, elle choisit de noyer le poisson en changeant littéralement de sujet : « On devrait vraiment inviter tes parents un jour ou passer chez eux, on le fait jamais, ils doivent se poser des questions ! » Seul sujet potable qui lui vint à l'esprit et sujet fâcheux, qui plus est.

Ce fut d'une traite qu'elle termina son verre de vin avant de s'en resservir un autre. Une attitude qui trahissait son malaise général. Car se sentir prise au piège ainsi sans porte de sortie était difficile. Mais pourvu que les apparences soient belles (il parait qu'on ne juge que par elles). Brooke prit donc une grande inspiration et sourit de plus belle, continuant de manger tranquillement - et trop car elle qui n'avait pas faim, mangeait pour quatre lorsqu'elle était stressée et ce soir était bien le bon moment. Aussi reprit elle une autre part, la bouche pleine, la tête baissée et l'envie de partir se coucher rapidement. Oh, une autre excuse en vue. « Je suis fatiguée, je pense pas faire long feu ce soir. » précisa-t-elle donc, ayant trouver une petite échappatoire.

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Il refusait le plus simple des contacts avec ses parents sous prétexte que son père pouvait s’apercevoir du subterfuge qu’ils avaient mis en place, et il craignait toujours sa réaction. Il avait peur de son père c’était indéniable, et pourtant quand on le regardait bien, il ne faisait pas vraiment peur, mais vous n’étiez pas son fils. Charles avait un pouvoir sur son fils que personne d’autre n’avait. Il avait réussi à rendre le rebelle aussi sage qu’une image, c’était pour dire. Et Joan n’avait justement pas été aussi discrète toute sa vie, elle était autrefois une femme joyeuse et avenante. Non il ne la battait pas si c’est ce que vous voulez savoir, mais on pouvait dire que Charles avait instauré chez les Tromburg un climat de lien familial étroit sans faire partie de la famille au départ, et son fils Charley ne se retrouvait pas la dedans. Donc les inviter le lendemain était une idée à oublier. « C’est pas nécessaire, on est bien sans eux. » Il n’ajouta rien de plus sur ce sujet, après tout là n’était pas la question, et il pensait tout bas qu’il ne valait mieux pas pour elle qu’elle invite sa famille surtout pas après ce qu’il venait de découvrir, s’il leur apprenait elle ne quitterait plus Wollanup mais pas parce qu’elle y était séquestrée. Comme prévu elle lui dit que sa journée avait été bien chiante. Evidemment, c’était chiant de passer du temps avec son amant. Mais il ne releva pas.

Là. Elle réagissait. Il venait de la troubler par sa révélation, il le sentait, elle n’avait plus l’air d’apprécier son plat. Quel dommage. Mais en bonne actrice elle continuait d’afficher ce sourire adorable qui en avait surement envouté plus d’un, lui y compris. Mais pas cette fois. En plus elle continuait encore sur cette pente glissante. Lui qui avait vu faire sa mère de nombreuses fois, il savait bien qu’il ne fallait pas autant de temps pour préparer du poulet, aussi gauche soit-elle. Surtout qu’en fait il avait été à la maison avant qu’elle ne rentre et il l’avait ensuite retrouvée en ville. Elle n’avait pas bien joué ce coup-là. Il continua sur l’ironie : « Je vois. Il devait être drôlement capricieux ce poulet pour avoir pris tant de temps. » Il jugea inutile de préciser qu’il avait été là tout l’après-midi, ça ne servait à rien de la mettre dans de beaux-draps tout de suite. La belle changea de sujet comme toute personne gênée, et intérieurement il jubilait. Ca lui évitait de penser que c’était lui le perdant dans l’histoire, pas elle. « Je t’ai dit que c’était pas nécessaire, ils sont bien où ils sont. » Son ton était sec parce qu’il refusait qu’elle fuie, il voulait qu’elle affronte la vérité, ce qu’elle n’était pas capable de faire. Elle l’avait pourtant choisi.

Elle se mettait maintenant à boire. L’alcool la mettait de toute façon toujours dans une sale situation, donc il ne valait mieux pas tenter. Il finit son assiette et son verre de vin, et il lui fit un compliment : « C’était très bon merci. J’imagine que s’il a pris tant de temps pour être préparé c’est que t’as eu besoin de trouver un coup de main près de ton boulot…ou devrais-je dire…coup de rein ? » Il la fixait intensément à présent. Que ferait-elle ? Elle ne pouvait plus reculer. Elle voulait partir se coucher, elle pouvait, ça serait que repousser temporairement, il venait de la mettre devant le fait accompli, et il en ajouta encore : « T’es vraiment une bonne actrice. T’as beaucoup d’imagination. Mais quand on veut mentir bien, on vérifie ses sources. J’étais à la maison tout l’après-midi, puis je t’ai vue en ville avec ce type. » Il grimaca comme s’il se foutait d’elle. « C’est vraiment dommage… prise la main dans le sac. Ou dans le caleçon, au choix. Ton repas il a soudainement un gout amer, tu ne trouves pas ? » Comment paraitre si confiant dans un tel moment ? Il valait mieux reprocher plutôt que de s’appitoyer.

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Réponse prévisible. La demoiselle hocha la tête, sans rien dire, ne souhaitant pas s'étaler plus sur le sujet familiale. Pas sûr que sa pseudo belle famille l'aime, d'ailleurs, les éviter étaient au final une bonne chose (surement). Mais oui, elle réagissait au reste et salement. Ses pensées résonnaient dans sa tête, lui offrant un mal qu'elle étoufferait plus tard à coups d'aspirine. Elle le méritait, cette sale petite chose, prête à tromper son petit ami sans foi ni loi. Personne dans le village n'était au courant de l'information et heureusement, soit dit en passant. Car ici, comme dans chaque endroit de petite taille, les ragots circulaient vites et nul doute qu'elle s'en prendrait plein la figure. Salement.
« Je suis un peu nulle en cuisine. » rétorqua-t-elle. Une information à moitié vraie car tout dépendant du plat, de ses envies et de ce qu'elle devait se faire pardonner, aussi. Non, décidément, ce soir, Brooke avait du mal et ne savait pas ou se mettre, se contentant de petites mimiques par ci par là, de coups d'oeils furtifs. Elle avait tout simplement hâte de voir le repas se terminer pour fuir en bonne et due forme. La facilité des choses, tout simplement.

Son assiette était vide, celle de Charley aussi, elle prit donc l'initiative de se lever pour débarrasser la table, écoutant les paroles de son compagnon, auxquelles elle sourit au début.. avant de se décomposer sur place. N'en croyant pas ses oreilles, elle reposa les assiettes de peur de les briser en les lâchant violemment. Non, impossible, il plaisantait ? « Oui.. mais.. non.. je.. » commença-t-elle à mesure qu'il déblatérait toutes ces paroles. Voilà, le moment fatidique était arrivé : celui ou il découvrait la supercherie. Brooke se sentit largement défaillir à cette annonce et se rassit subitement, ne sachant plus ou se mettre, ni quoi dire. Pourtant, elle n'avait pas le choix, elle devait se justifier, et bien car il n'était plus question de mensonge, Charley n'était pas con à ce point. « Je suis désolée. » lança-t-elle simplement, amer. « Je.. je sais pas quoi te dire. » continua-t-elle avant de se relever subitement, saisissant les assiettes pour les ramener dans la cuisine. Là-bas, elle prit quelques secondes pour se remettre du choc. Elle se sentait mal. Mal de lui avoir menti et de savoir qu'il avait découvert la supercherie ainsi. « Je vais.. m'en aller. Je crois qu'il vaut mieux que j'aille ailleurs pour le moment. » Fuir, tout un art, ou comment ne pas assumer ses actes. Car elle se voyait déjà détesté de tous, à vivre dans la rue comme une nouille, la honte de toute une ville. Certes sur le moment, ce plaisir personnel prit avec Noah lui plaisait grandement, maintenant c'était une toute autre histoire. Les conséquences arrivaient et elles surpassaient largement le reste. « Je suis désolée.. » poursuivie-t-elle, encore une fois, debout devant la table, prête à prendre la porte sous peu, de peur d'une possible réaction violente de sa part et Dieu seul savait qu'elle le méritait largement.

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Il n’était pas fier du tout, même s’il laissait transparaitre une fierté d’avoir découvert la supercherie, il se sentait horriblement con. Con, d’avoir mis tout ce temps pour s’en rendre compte, stupide d’avoir fermé les yeux sur toutes ses excuses bidon alors qu’il savait très bien que quelque chose se tramait…Oui mais il s’était attendu à tout sauf à ça. Pire encore, il avait l’impression d’être trahi, lui qui au fil du temps, s’était attaché à cette jeune femme qu’il avait certes foutu dans la merde, mais elle l’avait choisi en voulant le suivre. Elle lui faisait surement payer. Et si il avait bien rigolé en se payant sa tête pour un court laps de temps, il n’était plus certain d’être capable de le faire. Le contrecoup ? Oui surement. Charley avait bien compris qu’elle s’excuserait elle n’était pas méchante, mais ça ne changerait rien à son acte. Pourtant même blessé dans son égo, le garçon ne parvenait pas à lui en vouloir tant que ça. Elle avait parfaitement le droit de le faire non ? Ce n’était ni vu comme une relation extra-conjugale, ni une tromperie, ils n’étaient pas véritablement en couple, si ? Charley avait fini par le croire, mais en fait elle n’était là que pour lui rendre service, il devait se le mettre dans la tête.

Pendant tout ce temps, il était resté assis tandis qu’elle s’était levée pour débarrasser. C’était d’un égoïsme de sa part. En même temps il avait besoin de réfléchir, et sous les milles excuses de sa petite-amie il avait l’impression d’être le fautif dans l’histoire. Ca le braquait. Comment pouvait-elle paraitre si innocente ? Alors qu’elle était partie un moment pour souffler pour fuir l’affront pour quelques secondes, il s’était levé et il l’attendait là, dans la pièce, et lorsqu’elle revint et qu’elle lui fit part de son désir de quitter les lieux pour une courte période, il lui saisit le poignet, sans virulence, et il lui demanda, bien que ce ton sec était toujours présent : « Assis-toi….s’il te plait. » Il prit une profonde inspiration, et se rassit à son tour. Fixant le vide sur le table, il finit par lâcher après quelques secondes de silence : « Pourquoi ? » Question toute simple. Pourquoi avait-elle fait ça. Avait-il fait quelque chose de mal ? Lui faisait-elle payer sa séquestration ? Il n’en savait rien. Mais cette question n’était évidemment pas la plus importante. « J’imagine qu’il a quelque chose de plus que moi… » Là il était évasif, comme choqué d’enfin voir la réalité en face. Mais plus que ça, il était inquiet, inquiet pour elle, mais pour lui surtout. Il ne fallait pas que ça se sache, ni que ça s’ébruite, pour leur bien à tous les deux. « Je vais te demander une chose… » il marqua une nouvelle pause, il apparaissait étrangement calme, comme si la situation n’était pas aussi tendue, comme si c’était un jour comme un autre : « Tu fais ce que tu veux ok, c’est pas grave, après tout on est pas véritablement ensemble, donc je comprends que t’aies envie d’aller voir quelqu’un d’autre, c’est humain…mais surtout tu t’abstiens d’en parler à qui que ce soit et tu fais attention qu’on te voie pas avec lui. Je crois pas que ma famille serait si clémente à ton égard. » Pour ne pas nommer son père évidemment. « Ni à mon égard d’ailleurs. » Oui c’était lui qui risquait d’en prendre encore plus dans la figure, alors qu’au final il n’était qu’une victime. Ou du moins c’est ce qu’il croyait. Pourtant bien qu’il en dise le contraire, il avait vraiment l’impression de lui en vouloir plus que ce qu’il prétendait. Elle était peut-être parvenue à obtenir de lui ce qu’elle ne considérait pas avoir.

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Elle regrettait. Amèrement. Il n'y avait pas de raison toute prête qui expliquait son geste, c'était juste arrivé comme un cheveux sur le soupe. Surement car, comme dit, ils ne formaient pas un vrai couple. Il n'y avait rien de merveilleux entre eux, hormis un pacte passé deux ans plus tôt dans lequel elle se devait de jouer la petite amie parfaite et aimante. Ce que Brooke réalisait avec facilité. Mais il y avait un monde entre le jeu et les véritables sentiments. En développer pour lui ? Surement qu'avec le temps, oui, mais cette petite voix dans sa tête résonnait salement pour lui répéter que "non, il t'as juste proposer de jouer, rien de plus". Comment comprendre que les actes qu'elle pouvait commettre allait le toucher ainsi ? Comment savoir qu'il vivait mal ? La jeune femme n'était pas devin. Elle s'était simplement permise d'ouvrir une autre porte car celle ou elle se trouvait en ce moment, était tout simplement vide. Vide de sens, vide d'envie, vide d'avenir. Car si les autres se mariaient et fondaient une famille, eux ne faisaient pas ça. Combien de temps ce petit jeu aurait-il pu encore durer ?

Elle s'assit, sur sa demande, tripotant ses doigts et ne le regardant pas en face, comprenant le mal qui le rongeait désormais, honteuse d'être une femme de ce rang, si blessante. « Tu m'as demandé de jouer un rôle, Charley, c'est ce que j'ai fais. Tu ne m'as jamais demandé à ce que nous formions un vrai couple. » répondit-elle avec une petite voix. Certes, ça n'excusait en rien ses actes. Il s'agissait de l'élément déclencheur. « Il n'a absolument rien de plus que toi. » continua-t-elle, tentant de le rassurer, ce qui devait être fort inutile. Mais sa plaidoirie la troubla. Il semblait détacher de la situation. Alors, Brooke avait-elle raison ? Il n'y avait rien entre eux au point qu'il se fiche de ses agissements ? Toujours un jeu ? « Je ne vais plus le voir. » lâcha-t-elle alors, consciente que ce serait plutôt difficile au début. Comme toute femme, elle avait besoin de plus, mais n'obtenant rien avec lui, elle était allé voir à côté, chez les voisins, là ou l'herbe est plus verte. Une attitude misérable qui trahissait un sentiment de rejet important. Tout quitter pour vivre ça.. cherchez l'erreur. Et impossible de fuir, qui plus est. « Je suis sincèrement désolée, je ne sais pas quoi te dire d'autre. » continua-t-elle, toujours le regard baissé. « On est coincé ici ensemble et il n'y a pas de solution.. » Là était tout le problème. L'obligation de rester à Wollanup et surtout, de montrer que tout allait bien entre eux. Le pauvre n'avait pas à supporter cela, ni même la vue de sa pseudo connasse de petite amie infidèle. « Je ferai en sorte que tu me vois le moins possible et je ne dirais rien, de toute manière. » Encore une fois, que dire de plus ? Faire ? Rien. Elle imagina alors un retournement de situation, échangeant leur place. Sa réaction aurait été trois fois plus violente, sans nul doute. Mais voilà, son siège était celui de l'accusé.

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Charley était à l’origine de la fameuse demande. Oui et non. Après tout elle ne pouvait plus quitter les lieux alors autant lui rendre la vie plus agréable. Quoi qu’elle ne devait pas l’être si elle était allée voir ailleurs. Elle devait se faire chier pour avoir agi de la sorte. Mais c’était encore une fois compréhensible. Certes Charley développait de plus en plus de sentiments à son égard – quoique là ils devaient avoir fait un arrêt net dans leur progression – mais il ne le démontrait pas véritablement. Et c’était là tout le problème. Il n’avait aucune honte à montrer quoique ce soit, c’était juste que pour lui, elle ne voyait en leur relation qu’un jeu, rien de plus. En fait c’était peut-être l’inverse, peut-être qu’elle ne surjouait pas finalement, il s’agissait là d’une démonstration de sentiments. Il s’était donc fourvoyé. Soudainement il ne se sentait plus aussi innocent qu’au départ, les retournements de situation étaient apparemment leur fort. Mais pas sur que tout ça aboutisse sur quelque chose de valable, ils devaient faire avec de toute manière, mais Charley n’envisageait plus la séparation, l’avait-il déjà envisagée d’abord ? C’était con, il était le cocu de l’histoire, mais il s’était attaché à la jeune fille, et la laisser ici toute seule alors qu’il était fautif en ce qui concernait son arrivée ici, il ne s’en sentait pas capable.

Brooke lui remit les idées en place, une nouvelle fois, lui rappelant bien que c’était un accord, un jeu d’actrice, comme si elle était dans un film. Il acquiesça. Il ne s’attendait pas à autre chose avec elle. Toutefois il la corrigea sur un point : « T’as déjà vu quelqu’un demander : et si on se mettait en couple pour de vrai, toi ? » En plus ça laissait planer le doute sur ses intentions, non il ne révèlerait pas si oui ou non il voulait plus, car elle était apparemment claire la dessus, elle comptait simplement jouer, rien de plus. Il n’avait absolument rien de plus que lui. Il rit nerveusement, et il se joua d’elle, mais cette fois-ci bien plus ouvertement : « Oh non il a rien de plus, mais je vais quand même voir ailleurs ! Excuses moi mais c’est drôle ! » Comment faisait-il pour garder ce sang-froid ? Il ne voulait pas aller au clash non, mais il était tellement frustré qu’il avait du mal à contrôler ses réactions : soit il apparaissait je m’en foutiste, ou à la limite du foutage de gueule. Mais elle s’excusait toujours plus, alors il devait peut-être relâcher la pression, au fond elle n’était pas si méchante, et lui non plus. En revanche si, il y avait de nombreuses solutions, mais elle cherchait la solution de facilité en voulant le fuir, il s’intéressa soudainement à son cas : « En fait t’assumes rien c’est ça ? Je veux dire, maintenant que c’est fait, c’est fait. A quoi ça sert de vouloir t’en aller ? Je t’ai dit que ça ne faisait rien. Continues de jouer, que tu mentes ou pas au fond ça revient au même. A moins que ce ne soit pas ce que tu veux, mais ça faut me le dire… » On ne pouvait pas toujours tout savoir, et si elle voulait plus de son côté elle n’avait qu’à le lui dire, mais lui il agissait en retrait dans le but de ne pas paraitre envahissant si elle ne le souhaitait pas. Drôle de couple que ces deux-là. Il se leva de nouveau, il partir dans la cuisine, chercher deux verres et la bouteille de vin. Non il n’allait pas jouer. Il servit les deux verres et il précisa : « A ton formidable succès, pour m’avoir berné pendant tout ce temps. Dommage que tu sois coincée ici, je crois que t’aurais fait une bonne actrice. » Tout sourire, il était sincère, pas une once d’ironie, il était parfois déroutant.

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« T’as déjà vu quelqu’un demander : et si on se mettait en couple pour de vrai, toi ? » Son attitude était déroutante. Que sous entendait-il, que voulait-il ? Était-ce impossible de formuler une phrase claire sans sous entendu ? Ou était-ce le seul moyen qu'il avait trouvé pour se protéger que de la laisser ainsi dans le flou. Vengeance ? Possible. Mais Brooke ne releva pas, passant outre, préférant rester sans voix. Après tout, que dire ? Il envoyait valser chacune de ses réponses. D'ailleurs il continuait sur cette voie malsaine que de se foutre d'elle et encore une fois, la pauvre enfant ne put se résoudre à rétorquer quoi que ce soit, se sentant pleinement coupable. La voici, la sentence, celle de devenir la fille la plus détestée et la plus rabaissée de tout un village. Dans un autre cas, la jeune femme aurait largement répondu, sans détour, sans pincette mais ce soir, l'impossibilité d'ouvrir sa bouche se voyait. Ses yeux étaient mouillés, attristé par ses paroles. Elle vivait mal d'être mise pied au mur, se sentant comme une petite souris coincée dans son trou, prête à se faire dévorer par le chat.

« Ça serait prétentieux de te dire maintenant que je voulais plus, alors que tu viens de découvrir que ta pseudo petite amie était une garce. » lâcha-t-elle le plus simplement du monde en haussant les épaules et pleine de réalisme quant au statut qu'elle obtiendrait par la suite. Mais c'était bien vrai. Brooke avait toujours attendu plus de sa part, des mots surtout et autre que "tu pourrais jouer ma petite amie" qui faisait d'elle un simple objet du quotidien sans intérêt.
Charley se dirigea vers la cuisine, revenant la seconde suivante avec deux verres et la bouteille de vin, attitude qu'elle ne comprit pas et qui la laissa clairement interloqué. Son attitude la blessa, énormément. Elle déglutit et dans un mouvement violent, son bras vint rejeter la bouteille et le verre qui s'écrasèrent sur le sol dans un fracas monstre, arrosant la pièce de bon vin.
Il ne lui en fallu pas plus pour se relever et partir calmement à l'étage, dans leur chambre, si le leur pouvait encore les qualifier.. Brooke fouilla vivement dans une armoire ou elle dénicha une vieille couverture de fortune, abimé par le temps mais en assez bon état pour la protéger puis saisit son coussin au passage avant de redescendre en bas. Elle traversa la pièce ou se trouvait toujours Charley, lui jetant un léger coups d'oeil et prit tout simplement la porte pour terminer sa folle course sous le porche de la maison, s'installant dans une espèce de canapé d'extérieur. Car Keynes ne se voyait pas rester dans le même environnement que lui. Certes son attitude avait été déplorable mais de là à se laisser traiter comme de la merde par pure vengeance, il y avait un ravin.

Et puis, si quelqu'un la voyait ce soir, elle trouverait simplement une excuse du genre : je voulais dormir à la belle étoile. Facile.

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Charley avait parfois des réactions semblables à son père. Les chiens ne font pas des chats. Il détestait être trahi, lui qui était loyal au possible, et plutôt que d’encaisser il se comportait d’une façon étrange derrière histoire de faire payer au monde les conséquences de cette trahison. Il en savait quelque chose, son père était plutôt sanguin, et il avait du être trahi un bon nombre de fois, mais par sa femme c’était sur que non. Elle était trop docile pour ça. Plus que ça Charley ne supportait le silence dans lequel se murait Brooke. Elle ne disait rien, alors qu’il considérait être clément et il ne pétait pas littéralement un plomb alors n’avait-elle rien à dire ? Apparemment non. Ce qui le choquait. On avait toujours des explications à avancer quand on trompait son compagnon – même si elle ne considérait pas Charley comme tel…Attendez…venait-elle de dire qu’elle voulait plus ? Alors c’était là la raison de son infidélité ? Elle n’obtenait pas assez du jeune Buckland alors elle était partie le trouver ailleurs ? Il ne s’agissait donc que d’un gros problème de communication. Pourtant ils se voyaient assez souvent pour se comprendre, se parler, mais non ils ne s’étaient intéressés qu’à la puérilité et à la simplicité de leurs rapports des plus superficiels.

Il leva les yeux au ciel. Qu’elle soit une garce c’était un peu réducteur, après tout elle explicitait bien vouloir plus ou du moins avant découverte de la supercherie, il n’en était peut-être plus question maintenant. Par contre, Charley arqua un sourcil. Avait-il parlé de ce qu’elle avançait ? « Qui a parlé de garce ? Puisqu’on discute, balances tout ce que t’as sur le cœur, au moins on met les choses à plat. » Lui aussi avait des choses à dire, mais c’était plus judicieux de la laisser parler en premier pour pouvoir se mettre au diapason et ne pas répéter cinquante fois les mêmes choses. Il s’en voulait un peu de s’être moqué rapidement d’elle maintenant qu’elle venait de lui faire comprendre qu’il représentait plus qu’un jeu pour elle, ou du moins c’était ça si on lisait entre les lignes.
Et dans ces moments, elle avait très peu d’humour. Alors qu’il avait voulu détendre l’atmosphère en sortant la bouteille de vin, elle l’avait pris comme un affront et elle balança le tout du revers de la main sur le sol. Le contenu se déversa bien vite, et Charley avait eu un mouvement de recul tandis qu’elle s’éclipsait, vexée. Elle était montée dans la chambre, et il s’affaira à ramasser les bouts de verres au sol en prenant garde à ne pas mettre les pieds dans le vin, et il partit dans la cuisine chercher de quoi nettoyer. Quand elle revint il était de nouveau dans la salle à manger et il nettoyait minutieusement le sol, retirant le moindre bout de verre qu’il voyait à vue d’œil avant d’éponger le bon vin qu’il regrettait déjà. Elle avait un coussin et une couverture aux bras, que diable allait-elle faire avec ça ? Il ne tarda pas à le savoir, elle était partie dehors, elle comptait passer la nuit sur le seuil de la maison. Intriguant. Alors une fois qu’il eut tout nettoyé, il monta dans la chambre et il dénicha un vieux pull, et il saisit une autre couverture, et il sortit à son tour. Une fois dehors, il lui tendit le pull et il déposa une couverture de plus sur la jeune fille. « Mets-ça tu vas attraper froid. » Il contempla le paysage devant lui, les étoiles brillaient dans le ciel. Les mains dans les poches, il restait derrière le canapé, debout, se dandinant un peu sur lui-même. Puis il finit par briser le silence pour demander : « Y’aurait une petite place pour moi ? » Il cherchait évidemment à se faire pardonner sa petite bévue, ça se constatait.

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Brooke avait agi de manière relativement impulsive. La pauvre bouteille n'avait, au final, rien à voir dans toute cette histoire, un jolie gâchis et une attitude qu'elle regrettait désormais, un peu au moins. Elle avait surtout peur de Charley, qu'il lui en veuille encore plus pour se montrer si peu bavarde et fuyante. Mais là était la seule attitude qu'elle avait et ce, depuis des années. Elle adoptait exactement la même avec les autres : ses parents, ses proches. Un problème et la voilà déjà bien loin, impossible de tirer les choses aux claires. Mais ce soir tout était différent, fuir était impossible (hormis sous le porche, d'accord).

Allongée sur le mini canapé, le regard porté au loin, la jeune femme ne s'attendait pas à voir son - ancien ? - petit ami débarquer pour déposer sur elle une seconde couverture. Brooke se pinça les lèvres, ne sachant si elle devait sourire ou non, le visage presque entièrement emmitouflé dans sa première couverture. Il accompagna sa démarche d'un pull dont elle se saisit rapidement pour l'enfiler, touchée par attention. Effectivement, dans le désert, les nuits n'étaient pas chaudes et nul doute qu'elle attraperait une saloperie en restant ainsi. « Merci. » lança-t-elle tout en se rasseyant, libérant de la plus pour lui. « Oui.. » répondit-elle simplement ensuite, prenant soin de relever les deux couvertures pour qu'il puisse lui aussi en profiter et éviter de se geler.
Il y eut un blanc. la pauvre ne sachant pas quoi dire de peur de mal faire (comme d'habitude). Puis elle se remémora ses paroles : mettre les choses à plat, communiquer tout simplement. « Je ne voulais pas te blesser. Pour être honnête, je ne pensais pas que ça aurait de telles conséquences sur toi. Tu m'as juste tout expliqué, en me demandant de jouer ta copine. Je pensais que ça s'arrêtait là, que t'en avais rien à faire.. » ou comment minimiser ses actes ? Du tout, il s'agissait d'explications, de son ressenti des choses. Le but n'était pas de lui faire du mal. Si ça avait été le cas, nul doute qu'elle aurait dévoilé au grand jour cette relation.
« Je suis sincèrement désolée. » se répéta-t-elle pour la énième fois, prenant le soin cette fois là, de se tourner vers lui pour planter ses yeux dans les siens, des yeux de chiens battus, certes, mais plein de sincérité. « Ça n'y changera plus grand chose maintenant, je sais. » poursuivie-t-elle en haussant légèrement les épaules. Puis elle se terra un peu plus dans ses couvertures, prise subitement de frissons.

La suite des évènements lui faisait peur, dans le sens ou elle ne pouvait fuir aussi simplement que dans toutes les autres - pseudos - relations. Si fuir était le bon mot. Cependant ici ils étaient contraints et forcés à rester 'ensemble' et difficile d'imposer sa présence à quelqu'un qu'elle avait trahi. Même si, de ce point de vue, ça signifiait qu'ils avaient toujours formés un tout. Relation compliquée, n'est-ce pas ?

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Charley ne serait jamais du genre à infliger ce qu’on lui infligeait en retour, seulement par vengeance. S’il cherchait à se faire violence et à prendre tout ça à la légère, c’était justement pour ne pas en être affecté. Il n’y avait pas mort d’homme, même si ça ne faisait pas vraiment sourire que de savoir que vous êtes le cocu de l’affaire alors qu’il n’y a pas à proprement dit de raison apparente pour justifier cela. Il ne pouvait même pas se remettre en question, il n’avait rien fait de mal. Et malheureusement pour eux il n’y avait aucun moyen de tirer profit de leur séparation, qui arrangerait surement la demoiselle mais qui mettait le jeune homme dans le pétrin, et c’était là qu’on voyait qu’elle tenait à lui car ce n’était pas vraiment ce qu’elle souhaitait bien au contraire. Elle avait dit un peu plus tôt qu’elle l’éviterait au mieux pour qu’ils puissent toujours prétendre être un couple, mais sans devoir le jouer à outrance. Mais ça ne convenait pas à Charley, au contraire, il s’était laissé prendre au jeu et ses sentiments se développaient au fur et à mesure, ce qui était assez intriguant, mais ce n’était pas non plus pour rien que le soir de leur rencontre ils avaient fini complètement bourrés et avaient passé plus que la nuit ensemble au final se retrouvant ici sans issue pour la jeune femme. Parfois il se demandait d’ailleurs si sa vie en dehors lui manquait.

Il ne savait pas comment elle prendrait son geste, après tout, elle aurait pu croire qu’il voulait justement qu’elle passe la nuit dehors, sauf que c’était loin d’être son intention, il voulait juste qu’elle n’ait pas froid du temps qu’ils discutaient. Ca partait d’un bon sentiment, après tout il ne changerait pas ses habitudes pour si peu, juste peut-être qu’il paraissait un peu plus attentionné dans ce genre de moments. C’était paradoxal. Il put s’installer à côté d’elle, et elle lui passa un bout de couverture pour qu’il n’attrape pas froid et qu’il se couvre. Etait-ce le temps des révélations ? Elle venait de faire le premier pas. Il posa la main sur sa main pour prendre la parole, pour qu’elle arrête de s’excuser : « Tu pouvais pas savoir, c’est pas comme si c’était le cas depuis le début. C’est venu avec le temps. J’imagine à force de l’habitude, on y prend gout. » Mais comme elle continuait de s’excuser il persista : « Arrêtes de t’excuser. J’ai une part de responsabilité aussi. J’aurais peut-être dû faire plus d’efforts. » Et elle devait penser que oui, il aurait dû en faire bien plus. Constatant qu’elle avait froid, il replia la couverture sur elle, et de ses bras il l’enlaça. « Tu devrais rentrer si tu as froid. » Enfin ils devraient rentrer. Car il n’allait pas passer la soirée à la belle étoile. Mais si elle voulait qu’il dorme sur le canapé il le ferait, il ne voulait plus qu’elle se sente comme la pestiférée, celle qui a fait une connerie. Pour lui ça faisait déjà partie du passé. Quelque chose lui trottait encore dans la tête. De ce fait il reprit la parole : « Elle te manque pas ta vie à l’extérieur ? Parce que si c’est vraiment le cas…Je pourrais essayer de te faire quitter la ville. C’est pas sur que ça marche toutefois. » Et comme pour appuyer ses propos il se passa une main sur la nuque, endroit de sa brûlure dont tout le monde ignorait la provenance, ou presque. Changeant de sujet, il se tourna vers elle et il lui sourit : « Je voulais te remercier, pour ce que tu fais pour moi…T’étais pas obligée de jouer le jeu, et tu l’as fait, alors merci. » Il ne savait pas quoi faire d’autre alors il se mit de nouveau à fixer l’horizon.

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Pourquoi Brooke avait-elle dû aller voir ailleurs ? Qu'est-ce que qui avait pu lui passer par la tête à ce moment précis, hormis le fait que Charley ne s'intéressait pas elle ? Était-ce seulement une réponse suffisante ? Car depuis le début de la soirée il avait été plutôt compréhensif et sympathique, une attitude qu'elle ne comprenait pas. Car certes, tout reposait sur un jeu mais tout de même, il y avait de quoi réagir bien plus vivement. Intérieurement elle le remerciait, pour tout. C'était un homme formidable.

« Oui, parce ça t'était imposé.. enfin je. » lança-t-elle. Après ce soir là, il y a deux ans, une toute autre personne aurait pu fouler ses draps, passer la nuit en sa compagnie et se réveiller le lendemain dans le village paumé de Wollanup. Il posa sa main sur la sienne, main qu'elle fixa alors. « Mais tu n'avais aucune raison de faire des efforts. » continua-t-elle, puisque la situation était claire : faux couple, ou était donc l'intérêt ? Ou alors oui, peut être par la suite, lorsque l'habitude avait laissé place à de possibles sentiments, mais tous deux n'avaient pas la communication facile, ce qui expliquait tout. Il replia la couverture autour d'elle, passant également ces bras, ce à quoi elle sourit timidement.
Sa question suivante la perturba. Il lui arrivait de penser à sa vie à l'extérieur, mais rarement, tant elle s'était accoutumé à ce petit coin de désert. « Hum.. parfois. » commença-t-elle. « Mais ici c'est bien. C'était pas simple au début mais je m'y suis habituée. Ça a son charme. » Et puis, retourner à la vie réelle signifiait aussi de devoir reprendre contact avec ses proches et de se faire entendre dire qu'en tant qu'actrice, elle n'avait aucun avenir. Surtout, Charley ne serait plus là, alors qu'elle s'était acclimaté de sa présence, une présence qu'elle appréciait. « Je pense plus être taillée pour l'extérieur.. Tu veux que je parte ? » Ça résoudrait peut être ses problèmes ? « Il n'y a pas de quoi.. » car ça lui semblait normale comme façon de réagir, à l'époque.
Finalement la situation s'éclaircit peu à peu et permit à Brooke d'y voir beaucoup plus clair, bien que la suite des évènements lui restait encore flou. Mais pour ce soir, la seule chose à faire semblait de se coucher. La nuit portait conseil, selon l'adage. « Comme tu l'as dit, on ferait mieux de rentrer, il fait frais. Je vais dormir sur le canapé pour que tu sois tranquille. » s'enquit-elle, enfin, en se levant, toujours les couvertures sur elle. Bien qu'elle n'ait aucune envie de passer la nuit sur le canapé, vue la situation et son réel manque de jugeote, il était mieux vis à vis de lui de ne pas dormir dans le même lit. Pour sûr. Et, étant donné qu'absolument tout était de sa faute, autant que ce soit elle qui prenne le plus mauvais des deux en terme de confort. Ça lui remettrait les idées en places. Elle tendit ensuite sa main, pour l'aider à se relever, qu'il puisse rentrer chez.. eux. « Juste.. une dernière question.. on fait quoi ? Je veux dire, pour la suite ? » car il avait été compréhensible mais peut être pas au point de vouloir continuer cette mascarade en sa compagnie ? Ou peut être que si, difficile à dire, car Charley tenait à elle, ça se voyait (et c'était réciproque), cependant elle n'avait aucune envie de précipiter la situation ou de le laisser croire qu'elle tirait profit de sa gentillesse, surtout pas.

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Pour Brooke, elle était un fardeau. Charley en pensait tout le contraire. Comment pouvait-elle prétendre lui être imposée ? Ils s’étaient intéressés l’un à l’autre mutuellement lors de ces vacances à Perth. Et même si elle avait insisté pour venir jusqu’à chez lui, il n’avait pas réussi à la persuader de rester là-bas, donc il était aussi fautif qu’elle. En plus, si elle n’avait pas eu conscience de ce qu’elle faisait, lui oui et il ne se pardonnerait jamais de lui avoir ôté une vie dont elle aurait pu profiter si elle ne se sentait pas bien ici. Quand on ne connaissait pas le monde extérieur, il n’y avait aucun moyen de comparer, tandis que né à l’extérieur on pouvait se dire que la vie ici était morne, dénuée de sens, qu’on se croirait chez les fous. Alors Brooke n’était pas l’unique responsable, et il le comprenait que maintenant, finalement sa tromperie n’avait pas servi à rien.

« Tournes plutôt la phrase dans l’autre sens. C’est moi qui t’ai proposé de m’aider, après t’avoir ramenée ici, c’est pas toi qui t’es imposée, je me suis plutôt imposé à toi. » Et pourquoi ne pas faire d’efforts ? Parce qu’en fait s’il avait suivi sa logique, il n’aurait pas eu besoin d’en faire, vu que petit à petit le jeune homme développait ce qu’on pouvait appeler des sentiments à l’égard de la jeune fille, et il faisait plutôt des efforts pour ne pas céder sous leur poids, ce qui en soi était stupide puisqu’ils voulaient apparaitre tel un couple normal. Charley était plein de paradoxes. En très peu de temps, le jeune homme avait donné naissance à une cascade de bonnes attentions, qui pouvaient être déroutantes, il rattrapait le temps perdu ? Non, il essayait surtout de s’excuser à sa manière car même si c’était lui qui en avait pâti au départ, les actes de la jeune femme trahissaient un malaise profond. Elle le surprenait beaucoup par contre. Et il s’en étonna d’ailleurs : « Qu’est-ce qui te plait autant ici ? Parfois je me dis qu’on manque forcément quelque chose à être retenu contre notre gré. » Le passé ressurgissait soudainement, mais ce n’était pas comme si il avait envie de s’étendre sur le sujet, ravivant de vieilles blessures. Elle lui demandait ensuite si il lui disait ça parce qu’il avait envie de la voir partir, et il rit à cette supposition. « Tu crois pas que je t’aurais déjà virée, si je voulais vraiment que tu partes Brooke ? » Non il ne voulait pas qu’elle parte évidemment, il l’aimait plus que bien, t puis il s’était habitué à sa présence. De plus il lui était impossible de quitter les lieux sans que quelqu’un ici porte le chapeau, et ça serait évidemment lui donc il ne ferait ce sacrifice que si elle désirait vraiment partir, sinon il était bien partant pour la garder auprès de lui aussi longtemps qu’elle voudrait. Pourtant elle semblait vouloir garder de la distance entre eux. Elle voulait dormir sur le canapé, ce à quoi il secoua immédiatement la tête : « S’il y a une personne qui doit dormir sur le canapé c’est moi. Tu vas pas te tuer le dos pour si peu. T’as un grand lit bien chaud qui t’attend. » Et il était sincère, pourquoi la laisser dormir sur le canapé ? Pour la punir ? c’était complètement stupide, et ils pouvaient quand même dormir ensemble, ca ne changerait rien. Alors qu’ils se relevèrent, lui aidé par la main bienveillante de Brooke, elle lui demanda ce qu’ils feraient à présent. Pris dans un élan inexplicable, le garçon se vit poser ses mains sur les joues de la jeune femme et déposer un baiser sur ses lèvres, avant de prendre la parole : « Ce que tu veux. » Et là, il ne jouait pas.

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Vision des choses intéressantes que de savoir que c'était lui qui c'était imposé à elle. En quelque sorte, oui. Chacun son point de vue, certes, et le sien n'en démordrait pas. Une autre fille, plus jolie, différente, mieux ? aurait forcément pu se présenter à lui. Le hasard des choses avaient mit Brooke sur ce chemin. Voilà tout ce qu'elle pensait. Un point de vue bien négatif mais confortait par l'attitude - dans les premiers temps - de Charley, qui se fichait pas mal d'elle - ce qui, d'accord, avait changé avec le temps et qui, donc, mettait à mal sa vision. Vraiment.

« J'aurai pu tomber sur pire. » plaisanta-t-elle légèrement, n'insinuant pas du tout qu'elle aurait également pu tomber sur mieux. Loin de là. Sa réaction quant à Wollanup l'étonna, elle qui était persuadé que ce petit coin lui plaisait largement. « Tu voudrais t'en aller ? » le questionna-t-elle, intriguée, avant de reprendre la parole. « Ici c'est un cocon, c'est agréable comme sensation. Dehors c'est.. différent.. » Elle laissa volontairement sa phrase en suspend. Car si les règles à Wollanup pleuvaient et qu'à l'extérieur non, elle voyait ça du bon côté. Ça n'avait rien d'une dictature. Et avec un peu de jugeote, il était facile de s'échapper d'ici. Rien d'impossible. « Peut être que tu avais peur de le faire ? » de la virer, bien sûr. « Non je plaisante j'en sais rien. » continua-t-elle en haussant les épaules. Car après tout s'il lui avait demandé de jouer un jeu, c'était bien pour sa famille, non ? Donc la virer revenait à se mettre dans de sales draps ? Mais cette supposition ne collait pas avec son caractère, elle en restait persuadé, voilà pourquoi elle sourit, le rassurant.
Finalement, ils allaient se battre pour la canapé ? Brooke ne lui répondit rien, idée derrière la tête, prête à en démordre. Lorsqu'enfin il se releva, saisissant son visage et déposant un baiser sur ses lèvres, la jeune femme ne bougea pas, étonnée de sa réaction, agréablement. « Je.. » balbutia-t-elle, elle qui était si pleine d'assurance à son habitude. « Je veux rester. » lança-t-elle simplement avec assez peu de clarté. Ce qui sous entendait simplement qu'elle voulait rester ici, avec lui, rien de plus.

Alors qu'elle se saisit de sa main, elle tenait fermement ses couvertures de l'autre. Elle tira Charley jusqu'à l'intérieur de la maison, posant son regard sur la canapé. Mais non, Brooke ne s'arrêta pas là et continua jusqu'à l'étage, là ou se trouvait leur chambre. D'abord, elle prit le soin de poser ses couvertures et tout son attirail dans un coin, avant d'ouvrir les couvertures du lit et de pousser Charley à l'intérieur, un mini sourire collé sur le visage. Aussitôt, elle referma les couvertures sur lui. Le voilà donc au lit, beaucoup mieux que le canapé, non ? Elle, resta debout à coté de lit. « Je crois qu'il manque juste une bouillotte, un thé et un journal et tu ressemblerais à un vieux grand-père. » s'enquit-elle en ne pouvant dissimuler un petit rire moqueur, mais gentiment.

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Si Charley laissait croire à tout le monde qu’il aimait cet endroit, c’était parce qu’il avait un passé agité. Il se souvenait encore des plans que lui et ses acolytes dressaient pour se barrer d’ici. Ils avaient un plan infaillible, après tout ce n’était pas comme s’il y avait des barbelés de partout, ils étaient libres de s’en aller. Pas tout à fait. Ce qu’ils n’avaient pas su, c’était que Charley avait fait capoter le plan sans le savoir, lui qui était surveillé de près par son père. La raison était là, leur évasion s’était mal passée et le petit rebelle était devenu aussi doux qu’un agneau pour des raisons que l’on ignore et qu’on ne risquait de ne jamais découvrir.

Certes elle aurait pu tomber sur pire. Ou sur lui plus jeune. Là ça aurait été plus problématique, mais maintenant il était plutôt rangé comme garçon. Il haussa les épaules, comme s’il voulait couper court à la conversation qui abordait ce sujet sensible, il fut bref : « J’ai autrefois voulu. » Oui ici c’était un cocon, elle avait cerné ça. Mais l’utopie c’était très peu pour lui, il y avait tout un tas de choses qu’il aurait aimé faire à l’extérieur et qu’il ne pouvait faire ici, tout ça, même s’il ne l’avait pas forcément expérimenté, avait laissé un vide chez lui, quelque chose d’inachevé. La vie avait pour mérite d’être vécue, encore fallait-il la vivre à cent pour cent selon lui. Alors il s’intéressa soudainement à ce qu’elle venait de dire : « T’as pas l’air emballée par l’extérieur…Pourquoi ? Moi j’avais bien aimé mes vacances à l’extérieur. » Et c’était vrai, mais ça avait été bien trop court. Mais il savait ce qui l’attendait s’il ne remettait pas les pieds ici. Son père y tenait. Et ce qui trottait dans la tête de Charley à ce moment même c’était la liberté. Evidemment il dut se concentrer sur autre chose puisqu’au final la jeune femme fit une plaisanterie. Peur de la larguer ? Non. Et il n’hésita pas à lui dire : « Crois-moi si je te supportais pas j’aurais pas hésité, et moi je plaisante pas ! » Dit-il en tirant la langue comme pour lui assurer que ce n’était pas le cas. Il n’y avait pas que le désir de plaire à sa famille qui la rattachait à elle, mais aussi ce qu’il ressentait, tout ça faisait un tout.
Brooke comptait rester. Où ? Il ne savait pas, et dans le bénéfice du doute pour éviter de passer pour un débile, il s’abstint de dire quoi que ce soit et resta bien immobile histoire de palier toute incompréhension de sa part. Il se mit à douter de son geste antérieur, se disant qu’elle avait pu dire ça pour lui faire comprendre qu’un baiser ne changeait rien à tout ça, mais ça ne servait à rien de supposer dans le vent.
Charley eut d’ailleurs une drôle de surprise. Brooke s’empara de sa main et le guida petit à petit jusqu’à leur chambre dans leur petite maisonnée. Pour quelle raison, il ne comprit pas, mais elle l’enveloppa dans des couvertures et se moqua de lui, chose à laquelle il sourit pourtant, et il se défit des couettes avant de lui rétorquer : « Sauf que le petit vieux n’est pas frileux, il pourrait très bien dormir dehors même. Profites les draps sont chaux ! » Et il se releva du lit, attrapant cette fois la main de Brooke pour la faire asseoir sur le lit, et il s’assit à ses côtés avant de lui dire en la regardant dans les yeux : « Je le proposerais pas deux fois, mais je me plie à ta bonne volonté pour ce soir. Pas celle qui a pitié de qui que ce soit, la bonne volonté qui dit des choses bien. »